Retour sur le séjour pédagogique TVB au massif du Grand Caunet

A l’occasion d’un séjour pédagogique organisé par le Parc national sur le massif du Grand Caunet, une soixantaine d’étudiants se sont glissés, le temps de quelques jours, dans la peau d’animaux sauvages en réalisant des suivis scientifiques pour identifier les conditions favorables et les obstacles à la libre circulation de la faune aux abords des Calanques… Ce séjour permet de dresser un premier diagnostic pour l’élaboration d’une Trame Verte et Bleue (TVB) sur ce territoire.

Les continuités écologiques à la loupe

Durant 4 jours, ce sont 36 étudiants du Master Ingénierie en Écologie et Gestion de la Biodiversité de l'Université Montpellier assistés par 27 lycéens de 1ere STAV du lycée des Calanques qui ont testé une méthodologie de terrain pour évaluer la capacité d'accueil des milieux naturels et vérifier les continuités écologiques ainsi que le potentiel de fragmentation et les points de perméabilité des infrastructures linéaires de transport (routes départementales, autoroute).

Accompagnés dans leurs travaux par des élus, des scientifiques, des gestionnaires d’infrastructures de transport, des chasseurs… les étudiants ont arpenté le massif et dressé un premier diagnostic et des propositions d’amélioration pour préserver les continuités écologiques existantes ou restaurer celles qui ont été dégradées.

Pour en savoir plus, merci de cliquer sur les photos ci-dessous afin d'accéder à leurs légendes !

Avant d'être lâchés dans les forêts les étudiants ont été formés par Antonin Dupin qui a proposé dans le cadre de son stage des méthodologies pour identifier les conditions favorables à la faune sauvage dans les massifs forestiers, les pressions qui s'exercent sur ces milieux (route, pollution lumineuse, pollution sonore, défrichement..) ainsi que le degré de franchissement des routes (par rapport à leur largeur, leur fréquentation, les clôtures etc.).

Au gré de leurs itinérances sauvages accompagnés par des agents et acteurs locaux, les étudiants ont dû réaliser différentes mesures pour évaluer si les milieux sont favorables à la biodiversité. Ici la mesure des diamètres des arbres permet d'identifier s'il y a suffisament de gros arbres vivants et morts dans une forêt pour apporter le gite et le couvert à de nombreuses espèces forestières. Pour information 20% des espèces forestieres européennes se trouvent uniquement dans le bois mort d'où l'importance de laisser vieillir les forêts.

Le travail de terrain a permis d’identifier la localisation de buses souterraines permettent l’évacuation de l’eau sous les routes. En les parcourant et en échangeant avec des experts, les étudiants ont pu identifier les obstacles que ces ouvrages pouvaient générer à la circulation de la faune sauvage… mais aussi les moyens de supprimer ces obstacles par une amélioration des aménagements. A titre d’exemple, les parois ondulés de la buse peuvent entraver la circulation des ongulés (chevreuil, sangliers) une surface plane permettrait aux animaux de s’engager dans ce type d’ouvrage avec plus de facilité.

Dans certains passages busés, sous les routes, le suivi à pris des airs d'enquête policière pour identifier l'animal qui avait laissé son empreinte où une crotte (marquage territorial) qui permet d'attester le passage de certaines espèces. Ces passages bien que fonctionnels peuvent être sélectifs et des modifications de l'aménagement peuvent être nécessaires pour permettre à un plus grand nombre d'espèces de passer sous la route en toute sécurité.

Pour se repérer les étudiants devaient suivre des itinéraires à travers les massifs forestiers qui étaient indiqués sur des cartes et une application mobile. Tout au long de ces itinéraires les étudiants ont réalisés des mesures sur les milieux naturels, décrits les obstacles rencontrés et inventoriés les espèces remarquables.

Les étudiants ont restitué leurs travaux dans les locaux de la fondation Camargo à Cassis.

Un Parc national en quête de connexions...

Réservoir de biodiversité, isolé par sa situation péri-urbaine et les réseaux de transport (autoroute, voie ferrée), le cœur de Parc national des Calanques est en quête de connexions pour préserver le réseau des animaux sauvages pour leur permettre de se déplacer, se nourrir, se reproduire, s'autoréguler avec plus de facilité ce qui est garant de l'équilibre des écosystèmes.

Le massif du Grand Caunet est une zone protégée (sur le site Natura 2000 animé par le Parc national ) où ces enjeux de continuité écologiques sont particulièrement importants. Naturel et boisé, le massif est également traversé par plusieurs infrastructures de transports et est soumis au développement urbain et de nos usages. Il est également un trait d’union entre le Parc national des Calanques et le Parc naturel régional de la Sainte Baume, autre réservoir de biodiversité le plus proche.

Pré-diagnostic et propositions d'améliorations

Ce séjour a été l'opportunité de rassembler différents acteurs et formations autour d'un objectif commun. Ce travail constitué d'un pré-diagnostic et de propositions d'améliorations permettra, nous l'espérons, d'identifier des leviers d'actions avec nos partenaires et les acteurs locaux concernés afin de préserver les continuités existantes et restaurer des corridors pour la faune sauvage sur ces zones à enjeux.