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Cairn géant au mont Puget, ©Jane Dziwinski, Parc national des Calanques
Ils sont terriblement à la mode, ce sont des stars d’Instagram, des œuvres éphémères de land art à la photogénie éclatante et, pourtant, ils constituent une réelle menace pour la biodiversité et l’environnement, sans que leurs auteurs en aient toujours conscience. Ce sont… les cairns ! Ils se multiplient dans le Parc national des Calanques, où ils sont pourtant interdits. Explications.

Du balisage sommaire à l’œuvre d’art

Ces amas de pierres pullulent le long des chemins et sur les réseaux sociaux. En 2022, les hashtags #cairnrocks, #rockstacking (empilement de pierres) et #rockbalancing (équilibre de pierres) comptent entre 19 000 et 100 000 publications sur Instagram. Le phénomène est mondial et continue de monter en puissance, éloignant le cairn de sa fonction originelle.

Les cairn sont initialement des amas artificiels de pierres destinés à guider les randonneurs en montagne, dans des milieux où le balisage est sommaire. Mais dans le Parc national des Calanques, ces cairns géants se trouvent majoritairement placés sur des itinéraires de sentier où le tracé ne fait aucun doute. Ils n’ont donc aucune utilité.

Les cairns, ça craint. On vous explique pourquoi.

Cette pratique est loin d’être anodine pour le milieu naturel. Dans le Parc national des Calanques, les cairns illustrent parfaitement l’impact d’un geste, qui semble inoffensif, répété par des milliers de personnes. Il aboutit à la création d’amas de pierres géants et informes, qui n’ont d’ailleurs plus rien de photogénique. Pire, la formation de ces cairns engendre plusieurs impacts néfastes sur le milieu naturel :

  • En prélevant des pierres le long d’un sentier, le sol se retrouve à nu et cela entraine une forte érosion, jusqu’à atteindre la roche mère.
  • En prélevant des pierres dans un éboulis, on impacte une végétation spécialisée comme la très rare Sabline de Provence, espèce protégée et endémique de la Provence calcaire.
  • Le prélèvement de pierres porte atteinte à tout un cortège d’espèces comme le scorpion à pattes jaunes, le cloporte, la tarente de Maurétanie ou l’hémidactyle verruqueux.
  • Une fois que le cairn atteint une taille importante, les usagers doivent le contourner, ce qui provoque un élargissement du sentier par le piétinement de la végétation arbustive.

A plusieurs reprises, les agents du Parc national ont procédé à leur surpression comme dans les photos ci-dessous, le long du sentier panoramique au-dessus de la calanque d’En-Vau, avec l'aide des élèves du Lycée des Calanques. Plus anciennement, l’association MBF avait aussi prêtée main forte pour supprimer ces cairns.

Ne pas laisser de traces

Il y a fort à parier que la majorité de auteurs de cairns ignorent l'impact qu'ils ont sur l'environnement et n'ont aucune mauvaise intention. Avec cet article, nous espérons porter à la connaissance de nos visiteurs ces impacts. Mais nous rappelons également que la réalisation de cairn au sein d'un Parc national est passible d'une contravention de 135 € car elle constitue une atteinte au milieu naturel. La seule exception à cette règle est accordée aux grimpeurs qui les utilisent avec parcimonie, pour marquer ponctuellement les accès aux voies d’escalade. Le Parc national autorise ces cairns de très faible hauteur (30-40 cm) qui sont mis en œuvre exclusivement par la FFME et le CAF.

Alors, plutôt que de poster la 100 002ème photo de cairn sur Instagram, et si nous changions notre rapport à la nature en l'appréciant telle quelle ? Le panorama depuis le mont Puget sur l'archipel de Riou n'est-il pas suffisamment beau, pour avoir à lui ajouter un tas informe de pierres ?

Il n'est nul besoin de laisser une trace de notre passage dans la nature. Et si vous êtes sensible à la protection du Parc national des Calanques comme de tous les espaces naturels, il est d'autres hashtags à faire monter comme puissance, comme #stopcairns, #nocairn,  #leaveonlyfootprints ou #leavenotrace.


Source URL: https://www3.calanques-parcnational.fr/node/10997