Imprimer

Les débuts de l’humanité dans les Calanques

750_arche_de_la_ciotat_-_route_des_cretes_-_maxime_berenger.jpg
Arche de La Ciotat © M. Berenger - Parc national des Calanques
Depuis l’aube des temps, le territoire des Calanques est source de nourriture et de matières premières pour les hommes. Il est aussi un lieu de culte et d’art. Les mêmes sites ont souvent été occupés pendant la Préhistoire puis l’Antiquité, parfois jusqu’au Moyen-Âge et au XXe siècle. Ces époques reculées ont laissé des traces aux quatre coins du Parc national, des peintures rupestres de la grotte Cosquer aux céramiques grecques découvertes dans le massif de Marseilleveyre...

 

La grotte Cosquer, témoin des origines

Les premières traces d’activités humaines dans les Calanques remontent à environ 300 000 ans, lors du paléolithique inférieur. Les premiers hommes y chassent, cueillent des fruits et des plantes, récoltent du bois pour se chauffer, prélèvent de la résine de sumac pour le tannage des peaux…

Beaucoup plus tard, c’est la grotte Cosquer qui est fréquentée par l’homme entre 27 000 et 18 000 avant notre ère. C’est la marque paléolithique la plus émouvante et la plus fascinante qu’ont laissée les premiers hommes dans les Calanques. Suite au réchauffement progressif de la planète provoquant la remontée des eaux, la grotte est devenue inaccessible il y a 9 000 ans environ. Son entrée se situe aujourd'hui à 37 mètres sous le niveau de la mer.

 

Quand la mer monte

À l’ère glaciaire, le niveau de la mer était suffisamment bas (environ 120 mètres plus bas que le niveau actuel) pour permettre aux hommes d’accéder à l’entrée de la grotte Cosquer, aujourd’hui pour partie immergée. Les températures étaient alors d’environ 5°C en-dessous de celles de notre époque et la mer était retenue dans les glaciers recouvrant l’Europe.

Moins connue, aujourd’hui sous-marine, la grotte des Trémies, située sous les anciennes trémies de la pointe Cacau, date aussi du paléolithique. Elle a révélé les plus anciens vestiges d’occupation humaine du secteur. Aujourd’hui située à 20 mètres sous le niveau de la mer, elle a été fréquentée entre -410 000 et -370 000. On y a découvert des silex, des traces de feu, et des ossements de chevaux, de cervidés et de rongeurs. C’est à cet endroit qu’ont été pratiquées les premières fouilles archéologiques sous-marines au monde dans les années 1960 !

 

La grotte Rolland ou l’invention de la Préhistoire

Le reste du patrimoine préhistorique des Calanques est plus tardif : il date principalement de l’époque néolithique, c’est-à-dire entre -6 000 et -1 800. Le massif de Marseilleveyre concentre de nombreux sites qui furent occupés en ces temps reculés, et qui ont été sondés dès le XIXe  siècle.

La grotte Rolland est la première grotte fouillée, en 1805 : on espérait y trouver un homme antédiluvien ! C’est ici que la notion de Préhistoire est née… Boucher de Perthes, un érudit de l’époque, y découvre des traces d’occupation humaines anciennes, notamment des poteries, et avance l’idée inédite d’une humanité antérieure au déluge. Traité de fou par ses confrères, les chercheurs actuels utilisent pourtant encore aujourd’hui une partie de ses méthodes d’étude.

 

 

La fondation de Marseille à la fontaine de Voire ?

Au cœur du massif de Marseilleveyre, la fontaine de Voire a été le lieu de nombreuses découvertes. Le vallon présente de très nombreux vestiges de murs, interprétés comme des habitations et des fortifications, où ont été exhumés des restes de poteries celtiques. Mais ce sont surtout les grottes qui réservent des surprises, sur une ligne qui va à peu près de la fontaine de Voire à la grotte Rolland. Si l’occupation de certaines d’entre elles est attestée au néolithique, elles ont surtout été fréquentées à l’époque antique, entre le VIe et le II siècles avant notre ère, avec un pic d’activité entre -525 et -450. Leurs utilisations étaient diverses, pour le refuge, l’habitat ou le culte.

Dans la grotte de l’Argile, on trouve deux figurines de terre cuite : une tête masculine barbue et une tête féminine à coiffure en couronne. Mais surtout, c’est dans la grotte du Draiou qu’on rapporte en 1911 la découverte d’une quarantaine de vases et de nombreux autres débris, notamment de céramique. Ils témoignent d’une présence grecque remontant aux Ve et VIe siècles avant notre ère, pouvant soutenir l’hypothèse que la date de fondation de Massalia est antérieure à l’année communément admise (VIIe siècle avant notre ère) et qu’elle a eu lieu dans le secteur de la fontaine de Voire, comme certaines pistes y invitent.

 

Un archipel accessible à pied sec

Revenons au temps de la Préhistoire. Sur le littoral, on peut citer la grotte de Saint-Michel-d’Eau-Douce, citerne naturelle non loin de Callelongue occupée bien avant le Moyen-Âge et ses ermites, et les abris de Cortiou, où l’on a trouvé des silex visibles au musée d’histoire de Marseille.

En mer, à une époque où l’archipel de Riou est accessible à pied, les sablières de l’île de Riou ont montré des silex et des céramiques datant de -6 000 à -4 000, dont un vase qui a pu être reconstitué. À l’extrémité ouest de l’île de Jarre, dans la grotte des Chèvres (ou des Morts), c’est une sépulture qu’on a découverte. Les bergers et les pêcheurs qui ont utilisé la cavité comme abri savaient-ils qu’ils trouvaient refuge à côté d’une tombe ancestrale ?

 

Des hommes préhistoriques au cap Canaille

À l’extrémité est du Parc national, à La Ciotat, l’occupation humaine est attestée archéologiquement au moins depuis le néolithique final, soit entre -3 000 et -2 000.

Sous un surplomb de falaise, au niveau du cap Canaille, la grotte d’Elianac montre des traces d’une occupation longue : du néolithique à l’âge du bronze (silex, pointes de flèche, céramique, foyers, ossements humains et animaux). La datation est proposée d’après la céramique retrouvée : le site aurait été occupé autour de -8 000. Comme à Jarre, les strates les plus récentes ont témoigné de l’utilisation de la grotte comme refuge ponctuel pour des bergers et leurs troupeaux.

 

Comme un pont lancé à travers les millénaires

Mais le site le plus majestueux se situe non loin de la route des Crêtes : l’arche de Terrevaine, ou Baou Trouca, est un pont naturel rocheux. Cette curiosité géologique mesure cinq à six mètres de haut pour une vingtaine de mètres de long. Elle témoigne, par la découverte d’objets et d’ossements, de la présence des premiers habitants de La Ciotat à la fin du néolithique, au IIIe millénaire avant notre ère. À proximité, on trouve plusieurs autres arches, celles du Baou Rous, ainsi que plusieurs grottes, comme la grotte de Terrevaine.

Cette grotte de Terrevaine, justement, abritait des sépultures. Utilisée comme nécropole aux âges du cuivre et du bronze, plusieurs campagnes de fouilles s’y sont déroulées, qui ont permis d’exhumer foyers, silex, tessons de céramique, offrandes, ossements humains, etc. On peut découvrir ces émouvantes traces de nos ancêtres au musée ciotaden...

 

Le saviez-vous ?

Les Calanques ont vu se dérouler la rencontre de la Préhistoire et de l'Antiquité ! L'archéologie atteste en effet que la fontaine de Voire fut l'un des lieux d'occupation commune de la tribu celto-ligure des Ségobriges et des Grecs de Phocée. Ce que symbolise le fameux mythe du mariage de Gyptis, fille du roi celte local, à Protis, navigateur grec...

En vidéo


Source URL: https://www3.calanques-parcnational.fr/node/11085