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Un nid de chenille processionnaire du pin, sur un pin d'Alep dans les Calanques

"Plus haut, plus fort, plus loin". Si une espèce a fait de la devise olympique son adage cette année, c'est bien la chenille processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityocampa) ! Cet hiver, les nids sont si nombreux sur les pins qu'ils sont devenus l'objet de multiples interrogations... Pour vous éclairer, le Parc national des Calanques répond aux questions.

Tous ces nids cette année... est-ce normal ? 

A priori oui.

La chenille processionnaire du pin tisse des nids d'hivernage chaque année sur l'ensemble du pourtour Méditerranéen, dont elle est originaire. Comme de nombreuses espèces d'insectes, la chenille connait des pics de développement naturel tous les neuf ans environ. 2023 était déjà une année à chenilles. 2024 l'est encore davantage et le pic est probablement atteint. Dans les années à venir, le développement de nids devrait être plus modéré.


Est-ce un effet du réchauffement climatique ?

Non... du moins pas dans notre région.

Aucune étude scientifique n'a établi de lien entre le changement climatique et un développement plus marqué de la chenille processionnaire en Provence. L'observation de nombreux nids cette année peut s'expliquer en raison des pics de développement naturel de l'espèce.

En revanche, la chenille processionnaire du pin profite du changement climatique en ce qu'elle voit son aire de répartition progresser vers le Nord. L'espèce est aujourd'hui présente dans le Massif Central ou en Normandie, ce qui n'était pas le cas auparavant.

Les conditions météos peuvent également modifier ses cycles biologiques.  Un redoux précoce par exemple l'invitera à sortir du nid d’hiver tôt.


Ou un effet de la raréfaction des mésanges ?

Ce n'est pas impossible mais...

La mésange est un prédateur bien connu de la chenille processionnaire du pin et il est vrai que ces populations diminuent... mais d'autres oiseaux s'en régalent également comme les coucous et la huppe fasciée. Les chauves-souris, certaines araignées et d'autres espèces d'insectes en ont également fait une part importante de leur régime alimentaire. Aucune étude scientifique n'a mis en évidence de liens entre la raréfaction des prédateurs et le développement de la chenille processionnaire du pin.


Les chenilles sont-elles dangereuses pour les pins ? 

Malgré les apparences, non.

Les chenilles se nourrissent des aiguilles des pins, pouvant conduire à sa défoliation, partielle ou totale. Ces défoliations ont une influence sur le développement des arbres en réduisant épisodiquement leur taux de croissance mais entraîne très rarement leur mort. Les arbres "récupèrent" dès lors que les chenilles rejoignent le sol pour nymphoser.


Est-ce qu'il y aura une régulation dans les Calanques ?

Oui, mais de manière très ciblée.

Les chenilles processionnaires ont toute leur place dans l'écosystème méditerranéen (voir encadré en fin de page), il n'est donc pas prévu de déployer des mesures de gestion à grande échelle sur le territoire des Calanques.

Compte tenu des nombreux nids observés cette année et des impacts potentiels sur la santé humaine, le Parc national a cependant alerté les communes de son territoire au titre de compétence des Maires en matière sanitaire. Dans les lieux particulièrement fréquentés des Calanques (aires d'accueil, plages), des opérations de régulation (enlèvement des nids ou pose de piège) pourront être ponctuellement menées par les communes qui le décident.


La chenille est-elle dangereuse pour la santé ?

Dans la plupart des cas, non... mais attention aux chiens et aux personnes fragiles.

Au cours de son développement, la chenille processionnaire du pin se dote de poils très légers et fragiles qui se détachent  et se fragmentent facilement dès que la chenille est inquiétée ou excitée. Emportés par le vent, ils peuvent se déposer sur la peau. À son contact, le poil se brise et dégage une protéine urticante et allergisante qui se libère dans l’organisme provoquant des irritations. La période la plus sensible est quand les chenilles sortent des nids pour rejoindre le sol, dès la fin de l'hiver et au printemps.

Les animaux domestiques (chiens, chats) sont les premières victimes de cette contamination. Au contact des chenilles, mortes ou vivantes, les conséquences peuvent aller de l’inflammation jusqu’à des nécroses sur toute la région buccale.

Les conséquences sur l’homme sont généralement bégnines. Une exposition aux poils urticants se traduit la plupart du temps par des démangeaisons accompagnées de boutons qui disparaissent au bout de deux ou trois jours. Les personnes allergiques peuvent développer des symptômes plus graves. 


Quels sont les bons gestes à adopter ?

L' adoption de quelques bons gestes permet d’éviter tout désagrément.

La vigilance doit être de mise dès l’observation des nids et renforcée lors des processions, au printemps.

  • Évitez de rester à proximité des lieux où les nids sont abondants.
  • Ne vous risquez pas dans les bois infestés par jour de fort vent. Les poils urticants peuvent être emportés dans l’air ambiant
  • Ne touchez pas et n’écrasez pas les chenilles, même mortes. Ceci ne ferait que favoriser la propagation des poils urticants.
  • Ne cherchez pas à détruire vous-même, ni à manipuler les branches porteuses de nids. Les risques de brûlures graves sont importants. Si vous avez un jardin et que votre pin est infesté, mieux vaut faire appel à des professionnels.
  • Soyez vigilant avec les jeunes enfants dans les espaces boisés : parcs, jardins, espaces naturels... Les chenilles peuvent attiser leur curiosité (risque de contact et d'ingestion).
  • Tenez vos animaux en laisse et surveillez leurs activités, cela permettra également d’éviter qu’ils ne dérangent la faune et ses nichées en pleine période de reproduction à cette époque

Que faire en cas de contact avec les poils ? 

  • En cas de contact avec la peau, rincez abondamment.
  • Ne pas boire pour éviter l’ingestion de poils.
  • Si votre enfant a été exposé, vous pouvez consulter votre pédiatre qui pourra vous prescrire de quoi soulager les démangeaisons.
  • En cas d'apparition de symptômes autres que des démangeaisons ou des boutons ou en cas d'ingestion, consultez immédiatement un médecin.

Et mon chien dans tout ça ?

  • Surveillez votre chien et le tenir en laisse lors de vos sorties dans les Calanques est le meilleur moyen de le protéger contre les chenilles.
  • En cas d’inflammation de votre animal au niveau de la bouche, rendez-vous au plus vite chez le vétérinaire. Rincez les zones concernées en cas de brûlure mais surtout ne pas faire boire pour éviter l’ingestion des poils.

 

La processionnaire du pin : un maillon essentiel pour la biodiversité et l’équilibre écologique des zones naturelles

La chenille processionnaire est la larve d’un papillon de nuit gris-brunâtre marbré, le Thaumetopoea pityocampa. Entre juin et septembre, la femelle papillon, qui représente la forme « adulte » de la chenille, vient pondre environ 300 œufs rangés en parallèle autour des aiguilles de pin.

5 à 6 semaines après la ponte, l’éclosion donne naissance à de petites chenilles encore fragiles et très sensibles aux pics de température (chaud ou froid). Elles vont alors tisser collectivement un nid d’hivernage pouvant atteindre 20 cm, qu’elles ne quitteront que la nuit venue pour se nourrir des aiguilles.

Au printemps, on peut observer les chenilles quitter l’arbre et se déplacer en file indienne, en « procession ». Elles s’enfouissent ensuite à quelques centimètres sous terre pour faire leur cocon et se nymphoser, c’est-à-dire, après un stade de chrysalide, se transformer en adulte papillon qui émergera directement du sol entre juin et septembre.

Ces chenilles ont un réel intérêt pour la nature : de nombreuses espèces se développent uniquement dans leurs nids qui constituent alors un véritable micro-écosystème (coléoptères remarquables, araignées). Certaines espèces de micro-guêpes ou mouches parasites ont besoin des chenilles ou de leurs œufs pour accomplir leur développement. Pour d’autres comme les chiroptères, les oiseaux (mésanges, engoulevent d’Europe) ou les insectes (Ėphippigère dit Tizi dans le midi), elles représentent une importante ressource alimentaire.

Pour ces raisons, la conservation de cette espèce est indispensable au maintien de la biodiversité et des équilibres écologiques.


Source URL: https://www3.calanques-parcnational.fr/node/16150