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Connaître les espèces des Calanques

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Scopoli’s shearwater © J.P. Durand - Parc national des Calanques
Les suivis long terme s’intéressent aux populations d’espèces indicatrices de l’état des milieux et de l’état de conservation de ces espèces pour lesquelles le Parc national a une responsabilité. Ils visent à connaître les dynamiques de population des espèces suivies, obtenir des informations en vue de la gestion et contribuer à des programmes nationaux ou régionaux. En 2020, huit suivis long terme ont été réalisés.

Suivi de la reproduction de l’Aigle de Bonelli

L’Aigle de Bonelli est un nicheur très rare. Considéré comme l’un des rapaces les plus menacé de France, il bénéficie d’un Plan National d’Actions (2014-2023) dont le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA est coordinateur pour la région.

Un des objectifs du PNA est d’améliorer les connaissances pour mieux gérer et mieux préserver l’Aigle de Bonelli. Le suivi des populations nicheuses s’inscrit dans cet objectif. Le suivi de la reproduction du couple d’aigle du territoire du Parc national est réalisé par les agents du Parc aidés de bénévoles du CEN PACA.

En 2020, la reproduction du couple d’Aigle de Bonelli a été un succès avec 2 jeunes aiglons vus à l’envol. La saison de reproduction pour les 3 régions abritant l’espèce a poursuivi sa dynamique dans la continuité de 2019 avec le recensement de 3 couples supplémentaires sur des sites historiques ou nouveaux dans l’Hérault, le Gard et le Var. Cela porte ainsi la population française d’Aigle de Bonelli à 41 couples contre 33 en 2015.

Chiffres clés : 2 aiglons vus à l’envol

 

Suivi de la reproduction du Faucon pèlerin

Le Faucon pèlerin est une espèce d’intérêt communautaire, protégé au niveau national, classé en danger sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de PACA (2016) et à très forte valeur patrimoniale locale. Rapace diurne, il est strictement rupestre et niche dans les falaises littorales du territoire des Calanques. Afin de connaître l’évolution de la population de Faucon pèlerin du Parc national, un suivi de la reproduction consistant à recenser le nombre de couples reproducteurs et la production en jeunes est mis en œuvre sur les falaises littorales continentales et des îles de Marseille. En 2020, 13 sites de présence connus de faucon pèlerin ont été suivis, révélant 7 couples nicheurs répartis sur les îles et le littoral continental.

Chiffres clés : 7 couples nicheurs sur 13 sites de présence connus

 

Oiseaux communs : participation au programme STOC-EPS

Le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d’Oiseaux (CRBPO) du Muséum National d’Histoire Naturelle coordonne un programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs (programme STOC) conçu pour évaluer les variations spatiales et temporelles de l’abondance des populations nicheuses d’oiseaux communs à l’échelle nationale. Il est basé sur des points d’écoute (le STOCEPS, Echantillonnages Ponctuels Simples) effectué chaque printemps. Tous les oiseaux vus et entendus sont notés et un relevé de l’habitat est également réalisé.

Un carré STOC correspondant à 12 points d’écoute est mis en œuvre sur le territoire du Parc national depuis 2010. En 2020, 23 espèces ont été contactées cette année. Les fauvettes, le rossignol et le bruant ortolan restent les espèces les plus régulièrement observées sur le circuit. À noter la quasi-absence cette année des martinets et hirondelles des rochers.

Les tendances des effectifs nicheurs à l’échelle nationale peuvent être consultées sur le site internet du programme STOC.

Chiffres clés : 23 espèces contactées

Voir le graphique

 

Suivi de la dynamique des populations de Puffin de Scopoli et de Puffin yelkouan

Espèces d’intérêt communautaire, protégées au niveau national et classées vulnérables sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de PACA (2016), le Puffin de Scopoli et le Puffin yelkouan sont des oiseaux marins, cousins éloignés des Albatros. Le Parc national a une responsabilité forte en matière de conservation des populations de puffins, espèces emblématiques et à forte valeur patrimoniale. La dynamique des populations de Puffin de Scopoli et de Puffin yelkouan des archipels marseillais est étudiée depuis de nombreuses années par le biais d’un suivi de la reproduction et des opérations de capture-marquage-recapture (CMR - programme personnel de baguage sous l’égide du CRBPO).

En 2020, les opérations de CMR ont permis de capturer 278 individus de Puffin de Scopoli sur les archipels de Riou et du Frioul et 49 individus de Puffin yelkouan sur l’archipel de Riou. Les suivis ont permis de constater qu’un minimum de 329 poussins de Puffin de Scopoli et de 15 poussins de Puffin yelkouan se sont envolés des colonies des îles de Marseille.

Le succès de reproduction des puffins reste en moyenne au-dessus du seuil critique de 0.5 poussins à l’envol par couple reproducteur mais reste fragile selon les îles. La population de Puffins yelkouan atteint notamment cette année le seuil critique de 0,43 ainsi que la colonie de Puffins de Scopoli de l’archipel du Frioul à 0.51. La prédation pas des prédateurs introduits comme le chat haret ou le rat noir ainsi que le dérangement humain font parties des causes avancées d’échecs de la reproduction.

Chiffres clés :

  • 329 poussins de Puffin de Scopoli
  • 15 poussins de Puffin Yelkouans vus à l’envol
  • Le succès de reproduction des puffins reste en moyenne au-dessus du seuil critique de 0.5 poussins à l’envol par couple reproducteur mais reste fragile selon les îles
  • Voir le tableau et le graphique

 

Suivi des effectifs nicheurs d’Océanite tempête de Méditerranée

L’Océanite tempête de Méditerranée, sous-espèce endémique de Méditerranée, est l’oiseau pélagique le plus petit d’Europe. En France, l’Océanite niche uniquement sur les îles corses et l’archipel de Riou. Sa répartition est toutefois encore mal connue du fait de ses mœurs discrètes et de sites de nidification difficiles d’accès. Un suivi de la population nicheuse est mis en oeuvre sur l’archipel de Riou et consiste à dénombrer les terriers occupés par l’espèce et d’évaluer si les couples présents se sont reproduits.

En 2021, un minimum de 6 à 8 couples reproducteurs a été recensé sur l’archipel. Mais la prédation par le rat noir et le Goéland Leucophée impactent de manière notable le succès de reproduction de cette espèce.

Chiffres clés : 6 à 8 couples reproducteurs recensés

 

Suivi des effectifs nicheurs de Cormoran de Desmarest

Le Cormoran de Desmarest, sous-espèce du Cormoran huppé endémique de Méditerranée, est une espèce d’intérêt communautaire, protégée au niveau national et classée en danger sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de PACA (2016). Un suivi de la reproduction consistant à recenser le nombre de couples reproducteurs et la production en jeunes est mis en œuvre sur les îles de Marseille depuis 1999 pour l’archipel de Riou et 2010 pour l’archipel du Frioul. Les effectifs nicheurs sont en constante augmentation sur les deux archipels avec toutefois une légère baisse des effectifs nicheurs pour l’archipel de Riou cette année. Pour l’ensemble des archipels, un total de 39 couples reproducteurs a été recensé avec un minimum de 45 jeunes à l’envol. L’installation du Cormoran de Desmarest sur le littoral continental s’est également poursuivie sur le littoral continental et à donner lieu à des mesures d’aménagement de la pratique d’escalade aux abords des sites de nidification.

Chiffres clés :

 

Suivi du transit migratoire du Minioptère de Schreibers

Le Minioptère de Schreibers est une chauve-souris grégaire strictement cavernicole et méditerranéenne. Il s’agit d’une espèce d’intérêt communautaire, considérée comme espèce prioritaire du Plan National et Régional d’Actions en faveur des chiroptères (PNA et PRAC) et présentant un enjeu régional et local de conservation très fort.

Le Groupe Chiroptères de Provence (GCP) coordonne le suivi régional des gîtes majeurs à chiroptères de Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’ensemble des populations de PACA semble interconnecté en réseau par des gîtes de transit printanier et automnal. Le transit correspond aux phases de déplacement entre les périodes de mise bas et d’hibernation. Les populations des deux gîtes de transit du territoire du Parc national (Grotte Rolland et Grotte des Espagnols – classées en enjeu départemental) sont suivies au printemps et à l’automne par le GCP et les agents du Parc national. Ce suivi consiste en un comptage à vue en sortie de gîte nocturne, assisté d’un enregistreur automatique d’ultrasons.

Les suivis tendent depuis 2 ans vers une diminution des effectifs en transit sur la grotte Rolland, qui pourrait être dû à du dérangement provoqué par une fréquentation humaine de la grotte.

 

Plantago subulata – suivi dynamique de population sur le Frioul (effectifs et état de conservation)

Plantago subula est une espèce végétale protégée au niveau régional, avec un très fort enjeu de conservation local et caractéristique de la formation végétale des phryganes, habitat d’intérêt communautaire (Natura 2000). Si cette espèce est relativement fréquente sur le littoral continental, elle
se raréfie sur les îles. Les premiers suivis initiés en 2003 par le CEN PACA sur 12 stations connues au Frioul ont montré une chute de 72 % des effectifs entre 2003 et 2015 (respectivement 521 et 146 individus vivants). Ce résultat a permis de cibler le besoin de renforcer cette espèce dans le projet LIFE HABITATS CALANQUES. En 2018 le Parc national des Calanques - avec l’appui de scientifiques du CEFE (John Thompson et Perrine Gautier) et de l’IMBE (Laurence Affre) - a formalisé et rédigé un protocole de suivi de l’état de conservation de Plantago subulata sur le Frioul.
L’état des lieux des effectifs, leur état de conservation et leur répartition spatiale a été réalisé en 2018 avec l’étiquetage et la cartographie de tous les individus. Les suivis engagés depuis 2019 traduisent la poursuite d’un déclin au sein de la population avec maintien en 2020 de 73 individus (76 en 2019).

La situation est très préoccupante pour le maintien de la population naturelle de Plantago subulata sur le Frioul. Si aucune cause n’a été établie de façon formelle sur la diminution des populations de Plantago subulata, de fortes suspicions pèsent sur le changement climatique et notamment l’allongement des périodes de sécheresse et la multiplication des tempêtes entrainant une augmentation de l’exposition aux embruns.

 


Source URL: https://www3.calanques-parcnational.fr/suivis-scientifiques